2.2.1.1. Un vent d’Italie
La Renaissance italienne, on le sait, va s’exporter en France, tardivement en particulier par le vecteur des guerres d’Italie : à partir de 1494, les rois de France (Charles VIII, puis François Ier et Henri II) vont lancer le pays dans d’épuisantes campagnes pour faire valoir leurs prétentions sur le duché de Milan ou le royaume de Naples. Ces guerres se solderont par de fracassantes victoires (Marignan, 1515) et d’humiliantes défaites (Pavie, 1525), mais l’essentiel n’est pas là : ce qui compte, c’est que le pays, occupé pendant un siècle par l’épuisante guerre de Cent Ans, ne s’était pas aperçu de la révolution culturelle qui affectait l’Italie du Trecento et du Quattrocento, depuis longtemps sortie des ténèbres médiévales alors que la France y était encore plongée ; l’esthétique française, au XVe siècle, c’était encore les derniers feux du gothique :
- gothique flamboyant en architecture, qui porte, en termes de raffinement, à ses limites extrêmes les principes du gothique (Saint-Eustache, Saint Etienne du Mont et Saint-Germain-l’Auxerrois)
- gothique international en peinture.
Et tout à coup, à la faveur des guerres d’Italie, l’aristocratie française découvre d’un coup, ébloui, la Renaissance. François Ie (qui règne entre 1515-1547), on le sait aussi, vouera à l’Italie une vive admiration, s’entourera d’artistes italiens – Léonard finit sa vie au Clos-Lucé, près d’Amboise (1519) – et imposera un style de vie à l’italienne à la cour. Pierre Lescot donne la pleine mesure de cette influence dans la cour carrée du Louvre (1546), où triomphent les valeurs de symétrie et d’équilibre.
2.2.1.2. Une Renaissance maniériste
L’importation tardive de la Renaissance en France fait que, pour une large part, c’est une Renaissance déjà pour une large part teintée de maniérisme qui franchit les Alpes avec les armées royales [2]. Ce maniérisme à la française triomphe dans le chantier de Fontainebleau, et l’Ecole picturale qui lui sera associée : après le temps des châteaux de la Loire, caractéristique de la première Renaissance, François Ier compte se rapprocher de Paris et y fixer quelque peu sa cour (qui ne cessera toutefois pas totalement d’être itinérante). C’est à ce moment qu’il lance le projet du château de Fontainebleau (1528). Le sac de Rome, de ce point de vue, sera un bienfait : il met à disposition des ambitions royales françaises une « diaspora » d’artistes chassés par la guerre.
La première école de Fontainebleau est ainsi constituée d’artistes italiens invités en France par François Ier pour décorer le château de Fontainebleau, en particulier Rosso Fiorentino (Florence en 1494 - Fontainebleau en 1540), auquel succède Primatice, assisté de Nicolò dell’Abbate. Ces peintres influencèrent de nombreux artistes français tels que Jean Goujon ou Antoine Caron. On associe parfois Benvenuto Cellini, Girolamo della Robbia et d’autres artistes invités par François Ier à l’École de Fontainebleau.