Au terme des pages qui précèdent, nous sommes désormais en mesure de définir les traits caractéristiques du maniérisme, et dont nous verrons dans les chapitres suivants s’ils sont susceptibles d’être transposés à la littérature. Ces caractères étaient déjà, pour la plupart, ceux relevés par Jacques Bousquet dans les année 1960 :
- La netteté des contours, la fermeté du dessin, volontiers sculptural (formes sculpturales de la Persée de Vasari, coloris de porcelaine chez Bronzino)
- Penchant pour les formes géométriques (Bousquet parle avec quelque imprudence de « cubisme »), sensible par exemple dans la Descente de Croix de Pontormo.
- Disproportion, déformations des perspectives, allongement de figures (La Vierge au long cou du Parmesan, les silhouettes du Greco)
- Décentrement, fragmentation et compartimentement de l’espace : l’unité classique est démembrée au profit d’un réalisme de détail dans un irréalisme de l’ensemble
- Goût pour les courbes et les « ligne serpentines »
- Gestuelle excessive, dramatique, spectaculaire, on serait tenté de parler d’’ « expressionnisme » (Pontormo)
- Couleurs et lumières crues, artificielles
- Raffinement et délicatesse : le maniérisme se déploie dans les cours italiennes et européennes
- Le maniérisme se caractérise aussi par son anti-classicisme, son anti-naturalisme et sa prise de distance avec les idéaux albertien de mimèsis et d’istoria.
- L’artiste maniériste est un virtuose habile et fier de son habileté : il veut « montrer l’art »
- L’artiste maniériste, volontiers torturé, en quête d’identité, ressent un mélange inextricable de respect et d’ironie vis-à-vis de ses maîtres de la Renaissance aussi bien que des valeurs établies ; son imitation des maîtres est volontiers le lieu d’une subversion des modèles
- L’artiste maniériste a le goût du singulier, du bizarre, du capricieux
- Importance du corps, d’une sensualité parfois vénéneuse