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2.1.7. Conclusion : caractères généraux du maniérisme pictural

Au terme des pages qui précèdent, nous sommes désormais en mesure de définir les traits caractéristiques du maniérisme, et dont nous verrons dans les chapitres suivants s’ils sont susceptibles d’être transposés à la littérature. Ces caractères étaient déjà, pour la plupart, ceux relevés par Jacques Bousquet dans les année 1960 :

  • La netteté des contours, la fermeté du dessin, volontiers sculptural (formes sculpturales de la Persée de Vasari, coloris de porcelaine chez Bronzino)
  • Penchant pour les formes géométriques (Bousquet parle avec quelque imprudence de « cubisme »), sensible par exemple dans la Descente de Croix de Pontormo.
  • Disproportion, déformations des perspectives, allongement de figures (La Vierge au long cou du Parmesan, les silhouettes du Greco)
  • Décentrement, fragmentation et compartimentement de l’espace : l’unité classique est démembrée au profit d’un réalisme de détail dans un irréalisme de l’ensemble
  • Goût pour les courbes et les « ligne serpentines »
  • Gestuelle excessive, dramatique, spectaculaire, on serait tenté de parler d’’ « expressionnisme » (Pontormo)
  • Couleurs et lumières crues, artificielles
  • Raffinement et délicatesse : le maniérisme se déploie dans les cours italiennes et européennes
  • Le maniérisme se caractérise aussi par son anti-classicisme, son anti-naturalisme et sa prise de distance avec les idéaux albertien de mimèsis et d’istoria.
  • L’artiste maniériste est un virtuose habile et fier de son habileté : il veut « montrer l’art »
  • L’artiste maniériste, volontiers torturé, en quête d’identité, ressent un mélange inextricable de respect et d’ironie vis-à-vis de ses maîtres de la Renaissance aussi bien que des valeurs établies ; son imitation des maîtres est volontiers le lieu d’une subversion des modèles
  • L’artiste maniériste a le goût du singulier, du bizarre, du capricieux
  • Importance du corps, d’une sensualité parfois vénéneuse

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